[Spectacle n°1 - Solo - Ecriture] Un petit air de printemps...

Il y a déjà des touristes qui se baladent dans le parc sous le beau temps. Je passe derrière eux et leurs cheveux s'envolent dans leur figure. Je sais que mon père ne serait pas content s'il savait que je dérangeais les premiers promeneurs du printemps...
Certaines personnes m'apprécient, d'autres me détestent, mais personne ne reste indifférent à mes actions. Après tout, qui ignorerait la fille du vent ? Je suis la brise douce qui caresse les peaux, je suis la tempête qui arrache des arbres.

Voilà que d'autres personnes arrivent. Celles-là ont l'air plus frileuses et ont encore leurs manteaux. Seule la petite fille qui les suit est en chemise et en pantacourt léger. Elle court joyeusement au milieu des jeunes fleurs et je m'amuse à soulever légèrement son haut fuchsia sous la forme d'une petite brise cette fois. Je déteste les gens qui restent indifférents au printemps et c'est eux que je m'amuse à perturber avec de grandes rafales. En revanche, j'adore les enfants comme celle-ci. Je ne comprends pas que les adultes puissent dire des plus jeunes qu'ils sont naïfs et insouciants alors que ce sont eux qui sont les plus ouverts au monde. Je continue à suivre la jeune fille qui court après un petit rouge-gorge. Contre toute attente, elle réussit à le prendre dans ses mains et l'oiseau ne tente pas de s'échapper. Elle frotte alors sa joue à l'animal et le présente à ceux qui semblent être ses parents. Ceux-ci se contentent de lui ordonner de relâcher cet animal, qu'ils pensent malade vu que la fillette a pu l'attraper. Mais non, c'est juste que cette enfant dégage une aura rassurante et positive qu'un esprit comme moi peut remarquer au premier coup d'œil. Mais beaucoup d'adultes qui ne pensent qu'à travailler pour gagner quelques centimes sans faire la moindre pause sont fermés à ces démonstrations de vie. Une vraie vie, car une vie en travaillant pour vivre n'en est pas une.
Alors, quand la jeune fille reçoit l'ordre de reposer l'oiseau, elle obtempère mais le rouge-gorge revient se poser dans le creux de la main de l'enfant et ses parents sont cette fois ébahis comme il le faut. J'y suis peut-être pour quelque chose dans le comportement de l'oiseau, mais je n'ai pas le pouvoir de contrôler toute la nature. Cette fillette a une aura assez grande pour la partager avec les autres, et c'est un phénomène que je n'ai encore jamais pu voir jusque-là.

Je vois le monde évoluer chaque jour. Je ne suis maintenant plus très jeune, même les esprits ne sont pas éternels, et cette évolution constante dans le mauvais sens me désespère. Mais j'ai encore l'espoir qu'un jour, on puisse revoir sur cette terre un enfant comme la jeune fille que j'avais aperçue, un enfant qui puisse à nouveau partager avec tout le monde sa bonne humeur et son ouverture au monde tel qu'il est vraiment. Peut-être qu'un jour, un de mes enfants pourra en apercevoir un. Ou une.